Je me suis déjà présenté lors de mon furtif passage l’année passée, je le refais donc brièvement : je m’intéresse énormément aux récits interactifs et j’en « prototype » un sous une forme différente de ce que j’ai pu tester ici ou là. J’ai appris a coder depuis et je m’oriente vers de la création d’Epub dynamique.
Je viens sur cette branche du forum pour une question annexe qui concerne le concept de world building. Je ne trouve pas de terme français équivalent. Je le traduis moi même par « Construction très précise d’un monde imaginaire crédible ».
Les anglais/américains semblent avoir (évidemment) beaucoup d’avance sur le sujet : sfwa.org/2009/08/fantasy-wor … questions/
A moins que je ne me trompe ? Y’a t il un équivalent français caché ?
Bref, est ce que quelqu’un ici s’intéresse à la fois au Worldbuilding et au récit intéractif ?
Je bosse sur (au moins) un jeu se déroulant dans un univers imaginaire (bien que proche du nôtre), ceci dit, je n’ai pas de « méthode » particulière, ne cherchant pas, justement, à être exhaustif ou crédible.
J’aime bien cette idée. La plupart des auteurs de roman « fantasy » ou « SF » développent des mondes avec une langue construite (conlang) et une géographie sur mesure.
C’est long et pas forcément immédiatement gratifiant. J’ai essayé tout cela, mais cela n’avance pas vite. J’ai commencé par un plan, que j’ai meublé ensuite : anamnese.online.fr/site2/index.php?page=monde
J’ai également débuté une langue construite, avec des lettres spécifiques etc (pas dispo sur le site, mais en 15 ans ça n’a pas beaucoup avancé non plus).
Personnellement, le world building est une nécessité pour moi. Je recherche l’originalité et la cohérence. Et comme je me méfie de moi même, de mes influences et de mes préjugés, j’ai choisi de créer un monde de A à Z avec quelques constantes (les socles fondamentaux de mon univers) et beaucoup d’aléatoire.
Je me rapproche enfin de bout du tunnel là, après deux ans de travaux et je me suis découvert une passion pour le concept de World Building.
Les questions qui se posent quand on crée un univers cohérent et précis sont extrêmement intéressantes et enrichissantes :
qu’est ce qu’une civilisation ? A travers quels éléments peut on la définir et la distinguer des autres ?
quels sont les liens et les influences entre celles ci ? Comment s’imbriquent elles pour construire l’Histoire Globale ?
qu’est ce que l’Histoire ? comment l’écrit on et qui l’écrit ? Comment choisit on les éléments les plus significatifs ?
peut on simplifier cette Histoire ? Dégage t on de grandes lois ? Les schémas de naissance et de fin d’une civilisation se répètent ils vraiment ?
Ensuite, d’autres questions annexes viennent se rajouter : l’architecture, l’Art, les inventions, les techniques. La plupart des éléments de chacun de ces sujets forment eux aussi une histoire. Rien n’apparaît par hasard, tout est une conséquence de tout. Et pourtant, on peut voir apparaître l’invention de la roue ou de l’écriture à plusieurs endroits qui n’ont aucun lien ni aucune interaction. Sont ce des inventions ÉVIDENTES ? Y’a t il une fatalité a leur invention ?
…et pourtant non, certaines civilisations ont vécu 2000 ans sans bénéficier de ces deux révolutions.
Et j’adorerai me retrouver au coeur d’une communauté fr qui se passionnent pour ce genre de chose. Il ne s’agit pas d’une passion de l’Histoire humaine mais d’un truc un peu au dessus : de ce qui l’a construite.
Quand au récit intéractif, c’est pour moi un moyen, un outil ou une technique narrative, qui me permettra de raconter cet univers de la façon dont j’ai envie de le raconter.
Avez vous une expérience similaire avec vos créations ?
Juste quelques pistes…
tu dois connaître le site conlang.org/ qui fournit des outils et réflexions sur les langues construites.
Cet auteur réalise un monde assez détaillé, avec une littérature par dessus : armellis.fr/wiki/index.php?title=Accueil evannightwind.wordpress.com/
Il aborde mythologie, civilisations, linguistique… (parfois ce n’est pas forcément évident de rentrer dans le vocabulaire utilisé pour décrire la culture)
Ici on a la création d’un roguelike, avec des éléments de création automatisés pour les dieux, les lieux, les bannières, les villes etc : ultimaratioregum.co.uk
Pour ma part les grandes lignes d’une histoire générale me semblent suffisantes, d’autant plus que des éléments surnaturels (magie etc) peuvent modifier le schéma que l’on peut avoir si on fait un parallèle avec notre propre civilisation (ou ce qu’il en reste).
Par contre une langue assez cohérente me semble nécessaire pour pouvoir nommer les lieux sur la carte que l’on va créer.
En l’occurrence, j’ai fait des choix et non, j’ai une langue commune. Je zappe aussi tous les aspects géologiques.
J’adorerai m’y pencher, mais je fais partie de ceux qui veulent avant tout réaliser quelque chose de concret. On m’a souvent dit que ce que je fais demande beaucoup trop de travail, qu’au final j’allais tourner au rond et effectivement, je ne veux pas tomber dans ce piège. J’ai déjà trop de retard sur le planning que je m’étais fixé et je vais en avoir encore un peu plus.
En tout cas, encore merci, tu m’as trouvé une excellente porte d’entrée. Le monsieur (armélis) est exactement l’exemple que je cherchais.
Personnellement quand je créé un monde, je ne peux m’empêcher d’être guidé par un propos politique, pas au sens gauche/droite bien sûr, mais au sens : où allons-nous en tant que société, d’où venons nous, de quoi le coeur de l’Homme est-il fait. En fait, pour moi une construction est toujours « en réponse » au monde réel, et c’est ce lien entre le monde imaginé et le monde réel qui donne au monde imaginé sa structure et sa cohérence.
Par exemple ces dernières semaines, je pensais à un monde légèrement futuriste (juste après l’année 2048). J’étais gêné parce que je voulais qu’il soit possible, dans ce monde, d’enfreindre la loi facilement, tout en gardant au premier plan la surveillance des citoyens (caméra de vidéo-surveillance omniprésentes, pistage internet, passeport biométrique avec dna-checksum…). Il me semblait difficile de conjuguer les deux (facilité de commettre des crimes et ultra-surveillance), et finalement je me suis rendu compte qu’il suffisait d’introduire une libéralisation complètement débridée pour que cela marche : l’Etat sous-traite l’ensemble de ses fonctions à des entreprises privées (selon wikipedia, fonctions régaliennes = assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire, assurer la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public avec, notamment, des forces de police, définir le droit et rendre la justice, détenir la souveraineté monétaire en émettant de la monnaie, notamment par le biais d’une banque centrale, détenir la souveraineté budgétaire en votant le budget de l’Etat, en levant l’impôt et en assurant la gestion des finances publiques, piloter le bouquet énergétique et chercher la sécurité des approvisionnements en énergie). Or avec une entreprise privée, il y a toujours moyen de s’arranger… d’où les crimes faciles. Vous voyez, c’est politique.
Crois moi, ça n’a rien a voir avec le privé ou le public. Beaucoup (majorité?) des gouvernements dans le monde sont vraiment très corruptibles.
De mon côté, lorsque j’ai entamé mon travail, l’une des mes exigences principales était : avoir la possibilité d’écrire n’importe quel type d’histoire dans ce monde, d’y raccrocher n’importe quel évènement, n’importe quel fait divers.
Brièvement : mon univers est une planète sur laquelle il n’y a qu’une seule énergie, une seule ressource. Tout y est créé a partir de cette ressource. Le monde est grossièrement divisé en deux : ceux qui partage équitablement et ceux qui investissent dans des « champions ».
Chacun de ces pays a des priorités et des rejets (art / humour, domestication / mémoire, violence / égoisme etc…).
Cela leur donne une couleur, une identité précise, des lois, un urbanisme, une hiérarchie sociale etc…
Pour tester mon monde, j’utilise les sites de news, comme Google Actu, et je vois si les infos sont « insérables » dans mon monde, un monde sérieux mais aussi très fantasque :
voter au premier tour de la primaire de la droite : oui, c’est assez simple.
Le prélèvement à la source : wé, ça peut même être intéressant
Assassinat de Marion à Bouguenais: Yannick Luende-Bothelo condamné à la perpétuité réelle : oui, c’est simple.
Le nombre de victimes du terrorisme a baissé en 2015 : oui, c’est simple
Le chômage repart en légère hausse à 10% : oui, c’est simple
Aubameyang, duel au sommet en Bundesliga : Non, je n’ai pas encore prévu de « culture sportive »
poursuivre les soins d’un bébé d’un an plongé dans le coma là, c’est un tout peu plus complexe mais parce que je n’ai pas défini précisément ce qu’était la médecine dans le monde
Et bien sur, au dela des faits divers, ça m’a aussi permis d’avoir la possibilité d’y inclure chacune des idées, des pensées, que je note depuis + de 15 ans…
Oh, ben oui, la fiction interactive est le terrain de jeu idéal pour créer un univers complet, pourquoi s’en priver ?! Je crois qu’à peu près tout le monde ici s’y est essayé à plus ou moins grande échelle. Pour moi, c’était surtout sur le jeu « Catapole » et j’ai pris beaucoup de plaisir à y imaginer un nouveau vocabulaire, un système monétaire, des publicités, etc. Le tout dans un contexte mélangeant Zola, Dickens et le trip Steampunk.
L’idée de tester la cohérence à l’aide d’un site de news est très intéressante. Je procède plutôt par chaîne de questions, ou simplement en me laissant porter par l’histoire. Mais je retiens la technique
Moustaki…