Très intéressant, et marrant, comme article !
Pour moi, c’est le concept même de RPG « à la D&D » qui m’embête un peu, et je pense que les quêtes sont une extension de ça. Le concept « d’expérience » a tendance à réduire une progression, un chemin, à quelque chose de mécanique et de mathématique. Je rêve un jour d’un RPG où, comme le dit le proverbe, l’important n’est pas le but, mais le chemin : au lieu de points d’expérience, le personnage et le joueur découvrent des savoirs ou réalisent des choses sur le monde ou sur eux-mêmes, et c’est ça qui fait avancer l’histoire. Bref, un parcours qualitatif plutôt que quantitatif. Les quêtes, c’est jamais qu’un moyen de justifier un passage incrémental de 0 à 50,000 points d’expérience, et de remplir/rallonger le jeu pour que le joueur ait l’impression qu’il s’est entraîné longtemps pour arriver à la fin ; sauf que dans pas mal de RPG, les quêtes n’ont parfois rien du tout à voir avec l’objectif, et on fait le coursier sans que ça avance quoi que ce soit à l’histoire (donc c’est essentiellement là pour « bourrer » le jeu pour qu’il atteigne une certaine durée).
Une super nouvelle (en anglais) sur le sujet « RPG et vraie vie », c’est Zero Hours. C’est court et je crois que ça pose des questions assez fondamentales sur la nature des RPG, des jeux modernes, de la « gamification » et la nature de la vie, surtout dans un capitalisme moderne. Ca peut paraître beaucoup, mais c’est vraiment une super nouvelle (en anglais, dommage…)
Sur un sujet connexe, j’ai vaguement l’idée un jour de faire un jeu qui explore les mécaniques des RPG sous un aspect plus réaliste, en traitant notamment la question du lien social. Du genre « depuis que vous êtes arrivés dans la ville, on ne se rend plus service entre voisins, du moins pas gratuitement, et on est un peu plus individualistes ». Mais c’est encore un peu flou dans ma tête, même si ce fil permettra peut-être d’explorer ça 
Sinon, ça s’éloigne peut-être un peu du sujet, mais y’a quelqu’un qui a étudié les convictions politiques de gamers, et les a classifiées :
urbanfifth.com/the-politics-of-g … u-believe/
C’est intéressant : les joueurs de RPG seraient « progressistes libertariens », ce qui à mon sens reflète (surtout le côté libertarien) le côté « héros free-lance et indépendant, et le reste du monde n’est pas si affecté que ça » des RPGs. Après tout, dans un RPG, pas besoin d’économiser pour la retraite ou de payer pour la Sécurité Sociale, pas de comptes à rendre à un Etat (pas d’impôts à payer), pas de système scolaire gratuit et autres ‹ fonctionnalités › de l’Etat, pas d’aide désintéressée (vu qu’on est rétribué au moins en XP), tout le monde peut tout faire (ie on n’est jamais victime de racisme ou autre) ; c’est une vision simplifiée de la réalité où c’est chacun pour soi, où on est la personne la plus importante, et où des lois à respecter (autres que la notion floue d’alignement) et les impôts à payer sont une ingérence assez intolérable (vu qu’elle ne « rapporte » rien au joueur).
Et pour finir, vous connaissez Cart Life ? C’est un jeu (gratuit) où tout est réaliste et y’a une grande attention portée aux détails ; les mécaniques du jeu sont faites pour être lourdes (pas de raccourcis) et refléter la vie réelle et simuler de façon réaliste la tranche de vie de quelqu’un, avec ses contraintes et ses choix. Un seul objectif, et des embûches réalistes : c’est très intéressant à jouer, je trouve !