Digital: a love story

Je crois pas qu’on en aie parlé ici, mais y’a des gens qui ont joué à Digital: A Love Story ?

Moi j’y ai joué ce week-end, et j’avoue que j’ai bien aimé :smiley: Bon, la « hype » autour du jeu est un peu surfaite, mais c’est quand même un bon jeu !

Le concept, c’est que vous manipulez une interface d’Amiga (pour les puristes de l’époque : c’était comme ça, à l’époque ?) et vous vous baladez sur les forums BBS - Bulletin Board System, ancêtre du forum, donc. Tout un tas de gens sont là : des proto-hackers, des gens qui écrivent de la fan-fiction, des gens qui s’engueulent sur de la science-fiction, des phreakers (eh ben oui, ça se faisait sur les lignes téléphoniques, du coup il faut faire un appel longue distance pour aller sur certains boards !), du hacking (… idéalisé), etc, etc. L’ambiance est vraiment sympa, et fait « vraie » :slight_smile:

Après, des aventures arrivent, et bon là j’ai moins accroché. Comme c’est écrit dans le titre, y’a de l’amour, mais j’ai pas trouvé ça ultime, comme histoire. Disons que ça a été vendu comme « un des meilleurs jeux récents, avec une histoire bouleversante blablabla » eh ben, ça ne m’a pas bouleversé du tout… Je m’attendais à plus révolutionnaire. On le vend aussi comme « une histoire d’amour magnifiée par la forme que prend l’aventure (aller sur des forums BBS) », mais j’ai l’impression que tout le monde s’excite sur la forme pour pas grand’chose… Ayant un background « fiction interactive », c’est quelque chose qui ne m’a pas semblé si extraordinaire que ça – je pense que beaucoup ont eu une idée similaire par le passé, et que ça doit exister en plusieurs exemplaires. (Par exemple: The Endling Archive de Kazuki Mishima qui, quoique bien trop court (10 minutes!) était très très intéressant et plus subtil).

L’interface est marrante : on se promène sur les BBS, et on répond aux messages pour faire avancer l’aventure. Le problème étant que répondre aux messages, c’est cliquer sur « répondre »… et c’est tout ! On ne voit jamais qu’est-ce que le personnage supposé envoie. D’accord, ça doit être difficile de lire une lettre que le joueur écrit et lui répondre correctement, mais si on donne comme consigne au joueur de faire simple, qu’on détecte les gros mots et deux ou trois mots (« oui » « non » « je suis intéressé » « laisse moi tranquille », et plus suivant le contexte), ou qu’on finit un mail par « Que dois-je faire? » (et le joueur répond façon « parser de fiction interactive »), ça aurait pu se faire - plus compliqué pour le programmeur, mais plus gratifiant à la fin :slight_smile:

Bref, un bon jeu auquel il faut sans doute avoir joué (ça ne prend qu’une heure et y’a pas vraiment d’énigmes, voire pas du tout), mais qui m’a laissé un peu sur ma fin. Le concept est bon, mais j’aurais aimé moins de nostalgie sur la forme (qui ne m’a pas touché puisque je n’ai pas connu cette époque - encore que l’ambiance est bonne) et plus de réflexion sur cette forme qui est pleine de possibilités à mon avis. On pourrait faire la même chose ou mieux en fiction interactive - même si ça implique de mettre ça en place façon « ligne de commande Linux » plutôt que console Amiga ; en tout cas ça donne des idées :smiley:

La créatrice est Christine Love, et a sorti un autre jeu, Don’t Take It Personally, Babe: It’s Just Not Your Story, qui semble encore réfléchir sur la communication électronique, puisqu’il s’agit d’un jeu genre Visual Novel japonais où vous incarnez un prof qui a accès au réseau social de ses élèves et peut tout espionner ! C’est ultra-guidé et presque non-interactif, mais c’est quand même très bien fait ; ça prend une autre heure, et c’est peut-être un peu plus riche que Digital: A Love Story, même si les « enseignements » sur la puissance des réseaux sociaux sont peu clairs (oui, encore une fois décidément, je n’ai pas compris :stuck_out_tongue:)

Avant que j’oublie, le lien : http://www.scoutshonour.com/digital/.
Et une interview avec la créatrice : http://merlanfrit.wordpress.com/2010/04/08/digitaline-entretien-avec-christine-love/ (elle mentionne Photopia !!! :smiley:)

J’avous ne pas savoir ce que c’est…

Apparemment, ce fut une époque glorieuse pour les hackers :smiley: L’histoire raconte que l’information transitait sur des câbles téléphoniques; certains se sont rendus compte qu’en sifflant dans un sifflet distribué avec les céréales Captain Crunch, on avait exactement la bonne fréquence pour que la machine croie qu’on aie raccroché et que l’appel était terminé (du coup, on ne payait plus), et on pouvait appeler à l’autre bout des US (ou se connecter à un BBS à l’autre bout des US, c’est pareil) gratuitement! Y’a tout un tas d’histoires comme ça sur ces hackers (des phreakers, donc) dont le but était de pouvoir utiliser le réseau sans payer - à l’époque où ça coûtait très cher ; maintenant, y’en n’a plus, vu que c’est grosso modo gratuit… Regarde Wikipedia en tout cas, y’a plein d’histoires marrantes :smiley:

je n’ai pas joué à ce jeu, tout juste démarré en vitesse pour voir l’interface, faudrait que je m’y mette plus sérieusement. Ça a été codé avec Ren’Py je crois ?

J’exhume ce sujet pour mentionner le troisième jeu de l’auteur, Analogue: A Hate Story. Codé en Ren’Py aussi (et payant), vous incarnez un explorateur qui se branche à un vaisseau spatial abandonné et essaie de découvrir ce qui s’est passé ; là, il rencontre des IA, qui lui montrent des fichiers de l’ordinateur : il faut les lire, puis montrer les fichiers importants à l’IA pour qu’elle nous en dise plus et qu’elle débloque d’autres fichiers. (Là pour le coup ça ressemble vraiment à The Endling Archive !!)

Cette fois-ci j’ai beaucoup plus accroché à l’histoire, qui traite d’une société inspirée d’une dynastie coréenne de la Renaissance particulièrement brutale envers les femmes ; le jeu traite donc de la place de la femme dans cette société patriarcale, et c’est assez prenant et ça fait réfléchir. L’interface est similaire (quoique plus simple) à Digital. Là encore c’est un jeu court, puisqu’il est finissable à 100% en 3 heures.

Jouez-y si il vous faut des idées pour votre jeu pour la Comp avec la contrainte « personnage principal féminin » :stuck_out_tongue:

merci pour ces découvertes !