Article sur Cobrasoft

Notre cher Xurole a écrit récemment un article sur CobraSoft sur la plateforme Ulyces. Ulyces est une plateforme qui publie des articles longs et où on peut s’abonner ou acheter un article ; il y a quelques-unes de ces expériences actuellement dans le domaine du journalisme ou du reportage long qui visent à trouver un modèle économique alternatif pour faire vivre ce genre de choses autrement qu’avec la pub. Donc, warning, l’article de Xurole est derrière un paywall.

Je l’ai acheté et je l’ai lu, et c’était très intéressant. On apprend notamment que Cobrasoft a gardé des archives et les entrepose à Dijon et Châlons-Sur-Saône, ce qui personnellement me fait bien rêver : ça doit être une mine d’or, qui peut nous éclairer sur le jeu vidéo des années 80, et (ce qui nous intéresse sans doute plus) sur les jeux d’aventure en mode texte de l’époque ! J’espère que quelqu’un va arriver à garder tout ça et à l’exploiter (Xurole, peut-être, donc ? :slight_smile: ) ; on manque vraiment de textes sur l’histoire des JV en France dans les années 80 et notamment des fictions interactives, j’aimerais beaucoup que y’en ait plus personnellement. En tous les cas, ils ont aussi une page où ils présentent des objets tirés de leurs archives.

Un autre aspect est celui de la matérialité (Eriorg, c’est ce que tu disais je crois) ; l’article dit que CobraSoft est parmi les premiers en France à jouer de ça, notamment avec la série des Meurtres. Y’a des exemples mais je vais pas tout citer ; le truc qui m’a le plus marqué c’est qu’avec Meurtres en série on vous donnait une tablette d’argile, qu’il fallait briser pour trouver un microfilm !! C’est assez génial je trouve ; je crois pas qu’Infocom avait des feelies de la sorte, dont il fallait se servir (dans le monde réel donc) pour résoudre l’histoire. Cet aspect « devoir faire quelque chose en vrai pour avancer dans le jeu » n’est pas très répandue dans les jeux vidéo ou les fictions interactives, mais je trouve ça intéressant.

On y parle un peu de l’histoire des jeux vidéo français, aussi, en notant que les américains parlent du Grand Crash de 83 dans toutes leurs histoires du jeu vidéo, alors que d’autres continents ne l’ont pas eu ; et d’un projet avorté de CobraSoft, Guru, qui avait l’air assez méta. Chouette article donc !

(Au passage : ce genre d’expérience avec le format ‹ article long payant › m’intéresse, mais ça m’embête un peu que ça soit sur un site et avec un paywall: le jour où le site disparaît… J’ai sauvegardé l’article, au cas où, mais achetez-le pour récompenser le travail de Xurole ! J’ai aussi peur qu’un paywall restreigne l’audience du texte. Personnellement j’aime beaucoup le concept de Patreon, mais je sais pas si ça rapporte autant d’argent ; mais par exemple, si tout le blog de Jimmy Maher était derrière un paywall ça serait assez tragique pour l’histoire de la fiction interactive, et avec Patreon il est récompensé pas trop mal pour son travail. Mais ça lui a pris des années avant que ça paye, aussi. Bon c’est du hors topic, mais c’est compliqué, intéressant et très actuel comme thème.)

Ça a l’air intéressant, en effet, mais je ne sais pas s’il y aurait beaucoup de choses dedans concernant les jeux d’aventure en mode texte/fictions interactives françaises de l’époque, car Cobra Soft n’a pas publié beaucoup de jeux de ce genre, il me semble. La série des Meurtres était plutôt de l’aventure graphique, avec du texte pour les dialogues bien sûr, mais c’est le cas de pas mal de jeux d’aventure graphiques. Je me souviens que tu parlais de Dossier G dans ton article sur l’histoire de l’IF francophone, mais je ne crois pas que c’était vraiment de l’IF non plus, même si c’était en mode texte : on aurait plutôt dit une base de données d’articles. Restent Atlantis et peut-être Histoire D’Or, qui ont l’air d’être des jeux IF plus classiques à parser. (Et Turlogh le rôdeur est un genre d’adaptation de BD dont vous êtes le héros, mais là encore, c’est plus des graphismes que du texte.)

J’avais déjà entendu parler de cet indice-là dans un article de magazine ; il a dû marquer les gens ! C’est sûr que c’est une idée astucieuse, mais je me demande combien de joueurs ont pu résoudre ça sans aide : je ne crois pas que j’aurais eu envie de casser (autrement que par pur accident) un des indices du jeu, j’aurais sans doute plutôt eu tendance à vouloir tout garder intact !

À noter que, d’après le blog de Jimmy Maher, l’idée des « feelies » dans Deadline, le premier jeu d’Infocom à en avoir, vient de livres d’enquête policière des années 1930 qui étaient fournis avec des indices matériels aussi.

Oui, je crois que le marché des consoles de jeu en 1983 et avant était bien moins important en France qu’aux USA. D’ailleurs, personnellement, la marque « Atari » me fait d’abord penser à l’Atari ST, pas à la console VCS ; pas sûr que ça fasse la même chose pour les Américains !

Vraiment sympa le coup de la tablette ! Par contre, une fois qu’on l’a cassée, c’est moins drôle de rejouer au jeu, puisque on n’a plus le plaisir de la casser une deuxième fois…

Hey bien, merci beaucoup de relayer l’article ici, je ne m’attendais pas à le voir surgir sur le forum !

Pour ce qui est de paywall, c’est Ulyces qui m’a demandé une contribution et comme j’apprécie ce format d’histoires longues, j’ai accepté volontiers. Ulyces a un partenariat avec Rue89 et une bonne partie des articles y est diffusée gratuitement, ça sera peut être donc le cas de celui-ci :slight_smile:

Les archives de Rue89 sont en effet une mine d’or, mais avec peu d’éléments sur la fiction interactive ceci dit. J’y avais plongé pour étudier la structure industrielle de Cobra Soft, plus que pour me concentrer sur les programmes, et les éléments sont ici assez chiches : Bertrand Brocard (dont je recommande l’excellente page Facebook) a surtout gardé des archives sur le processus créatif derrière les jeux. Ce qui rend le fonds très intéressant pour cet aspect des choses : la série des Meurtres, La marque jaune, HMS Cobra, Les ripoux, Turlogh le rôdeur, sont très bien renseignés. Et autour de ça, on a de très très nombreux exemples de jeux qui n’ont pas abouti, et sont restés à l’état de brouillons, de Guru, dont je parle dans l’article, à un projet de jeu vidéo sur les Marx Brothers.

Pour le reste, en effet, il y a toujours peu de travaux sur l’histoire du jeu vidéo en France… Je suis en attente de nouvelles au sujet de publications à venir. Si en tout cas la question de l’histoire de l’industrie du jeu vidéo en France vous intéresse, je travaille un peu dessus, j’indique quelques articles et contributions (gratuites d’accès) si dessous :
Le résumé de ma thèse d’Ecole des Chartes : Une histoire du jeu vidéo en France, l’objet vidéoludique et ses réseaux de distribution.
Et deux articles, un premier sur la manière dont le jeu vidéo était perçu par les réseaux de distribution des années 1980 ; et un secondsur le rôle des boutiques de jeux vidéo qui, au détour de 1983, participent à la naissance de l’industrie du jeu vidéo en se faisant éditrices de jeux.

A bientôt !
Xurole.

Un article intéressant dans Le Monde aujourd’hui :slight_smile:

C’est dommage.

Alors certes on va me dire qu’on passe trop de temps à archiver au lieu de créer mais je trouve ça paradoxal: dans les sciences, les philosophies et les arts, une pratique courante veut que les créateurs se réfèrent à leurs prédécesseurs, voire même « inventent » leurs prédécesseurs. L’Histoire prend une place essentielle dans la création et c’est étrange de laisser le « passé » à la cave ainsi.

Surtout pour la France dont le jeu vidéo constitue la première économie culturelle!

Ce monsieur Brocard doit être une personne très sympa à rencontrer !

Bonjour à tous !

Je rebondis notamment sur la dernière réponse, pour signaler (pour les franciliens) qu’une rencontre avec Bertrand Brocard aura lieu à la BnF (et oui !) le 9 juin à 18h30, pour notamment évoquer son activité d’éditeur et de développeur ! Renseignements ici. C’est bien sûr gratuit, en entrée libre sans inscription.

Par contre, ne venez pas trop tard, la première séance était apparemment remplie. La deuxième aura lieu le 12 mai, avec Corentin Lamy et Frédéric Raynal.